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petronille et ses 120 soucis
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27 octobre 2006

♥ Rencontre avec Menotti autour du "Medium"

Non Claire, ceci n'est pas du remplissage de Blog, mais bel et bien une séance de culturage pour ceux que l'opéra ne laisse pas complètement nauséeux. Si je laisse la parole à Menotti, concernant "Le Médium" en particulier, c'est par ce que j'ai joué le rôle de Mrs Gobineau, une des cliente de Mme Flora dans ce petit opéra.

menotti_giancarlo• Quelle place tient aujourd’hui pour vous le Médium dans votre œuvre ? Le Médium marque un tournant dans mon style et c’est la base de toutes mes œuvres ultérieures. C’est là que j’ai établi la forme de récitatif que j’ai utilisée partout ensuite. Je l’aime aussi car on peut le donner partout, pas seulement dans un grand théâtre. On le donne beaucoup dans les universités en Amérique, interprété par des jeunes. En outre, ce fut pour moi l’occasion d’entrer en contact avec le cinéma. Je n’aime pas beaucoup le cinéma, mais vu sa popularité, il serait idiot de l’ignorer. Le seul film que j’ai fait est donc le Médium. J’ai fait beaucoup de mises en scène du Médium pour Rome, New York, et un peu partout dans le monde. Quand je revois le film, je suis surpris de voir à quel point ce que je fais aujourd’hui est différent de ce que j’avais fait alors. J’aimerais le refaire pour montrer aux jeunes metteurs en scène comment on peut rester totalement fidèle à l’œuvre d’un compositeur et avoir des approches très différentes, très personnelles.
• Vous êtes donc prêt à accepter que d’autres présentent une œuvre que vous avez vous même mise en scène ? À condition qu’ils restent fidèles à l’esprit de la musique. Beaucoup ne mettent pas en scène la musique, et là, ça ne va pas. Quand la musique dit de bouger, ils ne bougent pas. Quand la musique dit de ne pas bouger, ils courent partout. Cela m’étonne toujours. D’ailleurs, je suis un peu fatigué de mettre en scène le Médium moi-même! Je l’ai fait des centaines de fois et j’ai envie de faire autre chose.
• Dans le Médium, il y a quand même deux niveaux bien distincts, celui du drame humain anecdotique, et celui, bien plus complexe, de la possibilité d’entrer en contact avec l’au-delà. Un metteur en scène peut quand même choisir de mettre en relief l’un ou l’autre. Bien sûr, mais à condition de ne pas détruire l’autre. Si vous prenez le théâtre de Tchekov ou d’Ibsen, c’est le drame humain qui importe, même s’il y a aussi de nombreux symboles. Quand j’ai créé le personnage de Tobi, je l’ai imaginé complètement muet. Il ne disait pas un mot. Maintenant je commence à croire que peut-être Dieu nous envoie des messages très difficiles à déchiffrer. Alors, désormais je lui fais émettre non des mots mais des borborygmes indistincts avec la bouche. Je ne crois pas qu’il va vraiment donner une réponse, mais il essaie ! Si j’étais les trois clients, je serais plus sûrs d’eux-mêmes dans leur foi. Bref, si je réécrivais le Médium aujourd’hui, ce serait très différent.
• Pensez-vous que le créateur est le seul à pouvoir analyser son œuvre ? Elle ne lui échappe pas, d’une certaine manière, surtout quand il s'agit d'un chef-d’œuvre ? On doit toujours laisser la possibilité de monter une œuvre de différentes manières. Prenez une symphonie, Toscanini la faisait d’une façon, Karajan d’une autre et Furtwängler d’une autre encore, chacun persuadé que c’était la vérité de la partition de Beethoven. Mais leur recherche était celle de la vérité de l’auteur. Quand je monte le Médium, je cherche à retrouver ce moment d’inspiration que j’ai eu au moment où je l’ai composé. Il faut laisser le théâtre vivre. On ne peut pas toujours répéter tout de la même façon. C’est une recherche permanente, mais dans un certain cadre. On peu faire Tchekov de mille manières mais à condition que ça reste du Tchekov. C’est pareil avec Puccini. Quand j’ai monté la Bohème à l’Opéra de Paris, j’ai encore découvert beaucoup de choses, mais ça restait du Puccini. Quand je vais entendre un opéra de Verdi, c’est un opéra de Verdi que je veux entendre et voir et pas l’œuvre d’un metteur en scène. Je n’ai pas envie de voir un tableau de Rubens dont on aurait fait maigrir les femmes ! Vous pouvez retrouver l'intégralité de l'interview sur altamusic.com
Je dis ça surtout pour Claire…
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Commentaires
L
Salut, très sympa ce blog !<br /> J'adore Menotti et je suis ravie d'avoir trouvé cette interview, merci beaucoup !<br /> A bientôt !
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